Stupeur que de lire ce matin, au sujet de l’IA (Intelligence Artificielle), ce qu’en dit M. Bruno Le Maire, spécialiste du sujet sans doute et accessoirement ministre de l’économie et des finances !

“notre ambition doit être de créer le champion mondial de l’intelligence artificielle !”

Ni plus, ni moins.
Cela ne vous rappelle rien ?

En d’autres temps et d’autres époques, si j’applaudis le courage, la vision, la volonté et la réussite de grands plans industriels ayant menés au TGV, au Concorde (oui, oui !), à Airbus même … force est de constater qu’au niveau numérique, cela ne fonctionne pas.
Qu’est ce qui a changé ?

  • Est-ce l’époque ?
  • La qualité de la vision … ou celle de la réalisation ?
  • La puissance des forces en présence ?
  • Le temps que l’on met à décider et faire ensuite ?
  • Les compétences qui ne sont plus là ?
  • Les moyens qui ne sont pas là ou pas au bon moment ?
  • La confiance dans un projet et les équipes ?
  • La patience, nécessaire à tout projet d’une certaine envergure ?
  • Les contraintes que l’on donne au projet et qui trop souvent le “plombent” avant même d’avoir commencé ?

Rappelons nous juste de :

Quaero … la volonté de créer un moteur de recherche Européen à une époque ou c’était tout juste trop tard. Combien des points ci-dessus Quaero remplit ?
Avons-nous appris de cet échec ? Non bien sûr car quelques années, on refait le coup avec ce qui pouvait paraitre comme une bonne idée :
Le Cloud souverain … né d’une volonté politique et ayant dès le départ les inconvénients de ses avantages. C’était une bonne idée de mettre plusieurs sociétés ensemble pour travailler au sujet. Mais le diable est dans le détail et quand il n’y a pas de “patron”, d’Entrepreneur dans l’affaire, surtout quand il s’agit de “technologie” et d’environnements où il faut avoir du flair et savoir naviguer dans les embuches … et bien cela fini toujours mal. Non ces sujets ne se pensent et ne se dirigent pas à l’ENA. Ces projets ne se décrètent pas. On ne force pas les gens à travailler ensemble.
Dailymotion … là c’est encore en vie, donc devoir de réserve … mais bon, ça n’est pas brillant alors que cela aurait pu. Est-ce à dire que tous projets nés de l’autre côté de l’Atlantique sont condamnés à végéter ?
Et j’en passe …

En d’autres temps et d’autres époques …

… si j’applaudis le courage, la vision, la volonté et la réussite de grands plans industriels ayant menés au TGV, au Concorde (oui, oui !), à Airbus même … force est de constater qu’au niveau numérique, cela ne fonctionne juste pas.
J’ai l’impression que “le numérique” nécessite des commandos soudés et ayant les bons moyens et peu de contraintes. L’armée du Mexique n’est pas ce qui convient au début. Ensuite, quand le terrain est défriché et les bonnes options prises, je ne dis pas.
La France pourrait donc favoriser, former, aider des multitudes de commandos (je n’ai pas dit Startoupes) et ne pas essayer de mettre tous ses œufs dans le même panier.
Même si sur un sujet aussi transversal que l’IA, il pourrait y avoir une association entre :

  • une organisation horizontale, mutualisante des contraintes, qui génère des projets et facilite la montée en puissance …
  • d’organisations verticales, sectorielles, spécialisées qui exploitent à fond les niches ou les marchés de masse où l’IA pourrait s’exprimer avec sens, sans recopier mal ce que font les autres et sans essayer, juste, d’automatiser le passé. 

LE champion Français de l’IA …

En route vers une nouvelle désilusion …
Besoin d’en dire plus ?
Pour moi, le plus grave est le temps et l’argent qui vont être perdus.
N’allons nous pas encore favoriser quelques uns et laisser se morfondre des milliers de gens compétents, qui pourraient avoir leur mot à dire et qui rongent leur frein ?
Ca va les grands projets où l’on pense créer de la valeur et du sens en associant quelques grands groupes et une PME (bien docile, forcement) et un centre de recherche.
L’idée est bonne, mais la réalisation médiocre. IL FAUT DES PATRONS ! DES ENTREPRENEURS !

Un projet technologique ambitieux, ça ne se “manage” pas.

Ca se sent avec ses tripes. Il faut de l’intuition. Savoir flairer l’air du temps. Il faut de la culture du sujet, ça ne se décrète pas. Il faut de la passion, savoir entrainer une équipe.
Mais mieux encore … fabriquer LE champion Français du sujet. Et même en avoir l’ambition. N’est-ce pas se fourvoyer. Se tromper de guerre, donc de moyens et de méthodes ?
Qu’est-ce que vous voulez que l’on fasse sur ce terrain ? C’est un peu comme en boxe si l’on décidait tout seul de créer un champion du monde, mais en se trompant de ligue et de catégorie.
Qu’est ce que vous voulez que l’on fasse contre des sociétés comme Facebook, Google, Amazon … et dans un autre secteur (quoique) Apple, qui y jouent leur survie, car c’est bien de cela dont nous parlons.
Amazon, c’est 250 M$ d’investissement dans l’IA cette année. Qui le peut en France ? En Europe ?
OK, on va me dire … mais la BPI … etc .. etc ….
On est capable de mettre 250 M$ ? one shoot, tout de suite ?
ok, dans quoi ? pour faire quoi ? où ? avec qui ?
Et même si l’argent résolvait tout … Alibaba, cela vous dit quelque chose ? Jack Ma. C’est du lourd. Du très lourd.
Ca n’est pas le péremptoire Elon Musk qui nous fascine en nous aveuglant du jeu de ses annonces. Il a le grand mérite de nous ré-enchanter avec le marketing “technologique”, dans un monde qui n’en pouvait plus du vaporware. Il faut bien que j’égratigne un peu une idole, tellement nous sommes arrivés à un niveau de soumission et de béatitude.
J’ai l’impression que parfois certains vivent dans un film. Ils se croient dans la Silicon Valley et essayent d’en adopter les codes, la pensée, les réalisations. Malheureusement, Créteil n’est pas San Diego et le plateau du Moulon n’est pas Berkeley … et Paris est bien mieux que San Francisco, mais ça, nos politiques et leurs conseillers s’en apercevront un jour. 🙂

Le véritable sujet

Génial … on tient le véritable sujet. J’adore ces gens. Ils sont brillants. Ils ont tout pensé, analysé, compris. Non, vraiment, je les aime car moi qui suis beaucoup moins intelligents qu’eux, moins instruit, quand j’entends cela, mon intuition me dicte de … faire l’inverse.
Et oui, plutôt que de dépenser l’intelligence humaine en France a limiter l’intelligence artificielle … en France. Plutôt que d’assister impuissant à notre décrépitude générationnelle quand d’autres feront et font exactement le contraire. Plutôt qu’une nouvelle fois s’écrier: “caramba … encore raté”.

Ne faudrait il pas faire autre chose ?

Autrement ?
Au lieu de penser (un) grand, ne faudrait-il pas penser (multiples) petit … mais avec ambition. Avec au moins l’ambition de résoudre de vrais problèmes et pas celle de créer de la “belle science”.
Au lieu d’essayer, seuls, de vaincre des géants sur leur terrain, ne faudrait-il pas plutôt essayer d’associer nos talents avec sens ?

Au lieu d’encenser le nouveau veau d’or: l’innovation, ne pourrions pas revenir à une notion simple de progrès et de bon sens ?

La France qui retrouver ses lumières, ne serait-ce pas cela ?

Développer de nouveaux modèles de coopération où les meilleurs de chaque disciplines travaillent ensemble avec passion, sous la baguette d’un chef d’orchestre qui serait un vrai Entrepreneur ?
Ne pas laisser seuls les mathématiciens et quelques informaticiens penser le sujet de l’IA … et nous imposer les limites de leur compréhension.
Ne pas exclure les sciences dites “molles” et des vrais penseurs dont nous avons la chance d’avoir profusion en France. Ils ont beaucoup à dire et à nous apprendre. Et je ne parle pas des professeurs de philosophie cathodiques dont on nous gave à étouffer et qui n’ont que pour but de nous transmettre leurs peurs et nous garder hors du champ de la réflexion et de l’éveil.
Mais pourquoi ai-je l’impression de dire tout le temps les mêmes choses ?

2 thoughts on “Vite, créons UN champion …

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