Je ne vous ferais pas le coup du “ils l’ont fait parce que personne ne leur avait dit que c’était impossible”. J’ai toujours trouvé cela ridicule. Mais je dis jusque que personne ne nous avait dit qu’il était possible de créer une société qui reste à la point de la “tech” et qui dure plus d’un quart de siècle … et personne ne le fait.
Oui, dans “notre monde”, soit on fait dans la startup, la licorne et on a l’attention des médias, de nos gouvernants, des VC, du buzzz permanent, soit on est une “grande” et ancienne entreprise, un peu hors de portée de la création par le commun des mortels, parti de rien.
On cite alors, à juste titre, Dassault System et quelques autres comme pour se rassurer et essayer de faire oublier que Microsoft, Apple et Google ne sont pas nés ici.
On parle aussi de la fameuse exception culturelle Française, j’ai nommé les “SSII”, comme on disait avant. La “fierté” nationale. La variable d’ajustement de la masse salariale des grands groupes. C’est un autre sujet. Rien à voir avec “nous. Je ne dis pas que nous valons mieux. Je dis que c’est autre chose.
Les sociétés comme les nôtres sont les oubliées d’un monde qui se gargarise de la dernière nouveauté à la mode. A une époque (Renaud Dutreuil), j’y ai cru. On a eu un Entrepreneur ministre. On parlait des “gazelles“. On avait compris à l’époque que le problème n’était pas dans la création d’Entreprises mais dans leur développement. On respectait les PME / PMI, l’Artisanat. Et puis s’en est allé …
Alors de la gazelle, il en reste encore quelque chose … nous courons toujours, depuis 25 ans !
De plus en plus vite, de plus en plus loin.
Et aujourd’hui, mes chers @Witbe m’ont fait le plaisir d’un moment de partage et d’émotion en soufflant quelques bougies. Virtuellement, il y en avait 25 !!!
Et oui, l’Entreprise que nous avons fondée avec Marie-Véronique, son Président Directeur Général, le 19 mars 2000, a aujourd’hui 25 ans. Vous en connaissez beaucoup des sociétés de “deep tech” (on dit comme cela, je crois ;-)) crées depuis la France, qui :
Déjà il y a trop à dire et donc, il va falloir que cela se sache. Je ne veux pas perdre cette mémoire, comme la mémoire d’Oléane, notre précédente société, en train de s’effacer. Donc je vous (re)livre un scoop !
Je suis en train de “coucher tout” sur papier^h^h^h ordinateur bien sûr. Je ne sais pas encore sous quelle forme. Un livre en vrai. Un PDF peut être. Des feuilletons sur mon blog. Je ne sais pas mais je vous dirais tout et en particulier l’envers du décors. C’est en effet le plus intéressant car ce que l’on perçoit n’est en général pas vraiment la réalité. On ne mesure pas tout le travail, tout le stress, tous les efforts, les sacrifices, les renoncements, les nuits, les 31 décembre consacrés aux clients, les vendredi soir tard, les contre temps, les trahisons, les insultes, les médiocres que l’on ne décèle que trop tard mais à qui on laisse une dernière dernière chance. Ses fidèles collaborateurs à qui l’on dit un jour que l’on ne peut plus continuer l’aventure ensemble, car il faut baisser la voilure, face à une levée de fond qui ne se fait pas et que l’on doit soit même compenser au mieux.
A ce sujet d’ailleurs je voudrais préciser une chose car on croit à tort qu’il est facile pour un “patron” de licencier. C’est au contraire épouvantable. Pour certains c’est une variable dans un tableau excel. Pour d’autre cela ressemble presque à un jeu. Je ne sais pas si vous vous souvenez de ce film: “que les gros salaires lèvent le doigt”
A la première lecture, Denys Granier-Deferre dépeint tous les travers de la nature humaine, la lâcheté, le coté vil et sournois, la médiocrité, le cynisme, l’envie, la jalousie, la trahison. C’est un must. Mais je vous invite à revoir ce film, jusqu’à la fin qui est la plus intéressante. Quand on se rend compte du coté double du “patron”, Jean Poiret. Qu’il n’est peut être pas le pire des personnages dépeints ici et que l’on est peut être allé un peu vite en besogne en lui faisant porter le rôle d’ordure en chef. Je vous laisse découvrir ou re-découvrir ce film. Cette fin m’obsède car elle renvoie à notre responsabilité, d’autant plus grande quand on est “chef” de famille et en plus “chef” d’Entreprise. “Chef”, désolé de ce terme un peu désuet.
Tant de choses ont été réalisé. Je vis aux Etats-Unis, comme deux de mes enfants et une troisième en Angleterre. J’ai deux petits enfants Américains. Je ne sais pas forcément de quoi sera fait demain, mais je sais que si nous restons soudés, avec la même qualité d’engagement, le plaisir à travailler ensemble et le talent de ces 25 dernières années, nous pourra aller encore plus loin, en “profondeur” …
Parfois on est fatigué. Souvent cela fait beaucoup. Quand on ne sait plus vraiment où l’on habite et que sa famille, ses amis sont éparpillés aux quatre vents. Quand on se rend compte qu’on a négligé beaucoup pour que le rêve vive et le bateau vogue de la plus belle façon possible. Quand l’irrémédiable arrive avec la perte de proches et les regrets de ne pas avoir passé suffisamment de temps avec eux. Mais toujours, il reste cet esprit, si difficile à entretenir, mais réel, d’une personne morale qui a sa propre vie en dehors de soi et que l’on doit respecter, qui pousse à faire mieux, à s’engager, à réussir.
Et merci à tous d’avoir mis votre talent à son service. Merci à Marie-Véronique d’avoir pris ma suite quand j’ai enfin réalisé que je n’étais pas le meilleur pour emmener Witbe plus loin. Merci à ceux qui nous accompagnent depuis si longtemps … plus de 30 ans pour certains. Et sans oublier ceux qui ne sont plus là et qui ont fait beaucoup. Je vais prendre le risque de ne citer que quelques uns, désolé, ils me sont très chers, comme Jean-Pierre Le Couedic, Julien Pasquet ou même François Ranchin dont je m’en veux toujours de ne pas avoir pu le garder plus dans l’aventure. Et même Ludo, qui est le premier journaliste et l’un des rares à nous avoir accordé du temps, de la considération et de l’espace … mais c’était bien avant Witbe. Je n’oublie pas.
Quelqu’un disait, “je pardonne, mais je n’oublie rien”. Je crois qu’avec le temps j’oublie le superficiel, mais jamais l’essentiel. Quant au pardon, c’est un autre sujet.
Et puis il y a les “nouveaux“, les plus récents, qui ne doivent pas forcément tout comprendre tout de suite. Je vous dis: confiance, patience et travaillez toujours pour faire de votre mieux, pas pour faire “le mieux”. Bien plus qu’une réussite chiffrée, pour moi la réussite, c’est une Entreprise “résiliente”, grâce à la solidarité, à la capacité de réaction et d’innovation, au talent et … à la gentillesse de ses équipes.
Merci à tous de faire vivre ce rêve et cette fierté.
Nous sommes sans doute à contre courant. Nous sommes une véritable Entreprise (et pas une “boite”), dont le groupe familial détient la majorité du capital et peut influer sur la politique de l’Entreprise. La plupart des grandes entreprises, dans le passé, étaient des Entreprises familiales. Il a d’ailleurs été prouvé par de nombreuses études qu’elles résistaient mieux aux crises et au temps que les autres. Je fais le pari que nous reviendrons de plus en plus à ce mode d’Entreprises, même si c’est très difficile car aujourd’hui, il semble que pour exister, il faille lever des milliards d’€ ou de $.
Et bien nous avons fait le pari que l’on peut faire les choses autrement. Pas tout l’un ou tout l’autre, mais un mixte car nous sommes aussi cotés en bourse à Paris. On va dire que nous réunissons “le meilleur des deux mondes”. Merci à ceux qui vont l’effort d’essayer de le comprendre et de nous faire confiance. Pour une fois, nous pensons que les intérêts de tous sont alignés, quand les dirigeants sont à la fois Entrepreneurs, créateurs de l’Entreprises, actionnaires et travaillent dans l’Entreprise. Nous cochons toutes les cases. Ce qui fait que le risque est maximum pour nous … d’où notre stratégie continue de résilience, en faisant de notre mieux, avec prudence, mais confiance.
Sans paraphraser ce que signait Jacques Séguéla lorsqu’il écrivait à un proche collaborateur, client, relation …
“Je vous aime”