Cela fait un moment qu’un tel billet me trotte dans le tête. Cela fait un moment que je l’avais commencé et là, l’actualité va me permettre de le clore. Merci Benjamin.
En effet, avant hier, j’ai fait partie de ceux qui pensaient qu’il fallait apprendre à nos enfants, le dessous des cartes, en particulier en ce qui concerne l’informatique. Je pensais que si l’on dominait la machine, au moins globalement, on pouvait se construire un (meilleur) raisonnement critique.
Et puis comme souvent, le machin s’est emballée, les extrêmes se sont réveillés entre les anti-primaires, les gens en mal de buz et de modernisme conseillés par un jeunisme parfois inquiétant … et la caravane passe, jusqu’à cette belle mise au point du camarade @bayartb.
Mais j’ai eu envie de reprendre ce billet. Non pas pour tenter d’apporter quoi que ce soit de neuf car je pense que tout a été dit sur le “code” à l’école. En effet, à partir du moment où n’importe qui trouve que c’est une bonne idée, n’est ce pas le signe que c’est devenu une mauvaise idée ? Non, j’ai eu envie de reprendre ce billet car je trouve fatiguant le débat sur “codeur” : stars ou “moins que rien”.
En effet, la société moderne a tendance a tout caricaturer et tomber dans une “binarisation” du raisonnement en résumant tout avec une équation et deux inconnus :
Bref, inutile de vous dire que ce mouvement de balancier, me mettait mal à l’aise. Hier, on ne reconnaissait pas la valeur aux fonctions techniques. Aujourd’hui, en prenant exemple sur les Gates, Zuckerberg, Page et j’en passe, on explique que nous avons affaire à une nouvelle race de sur-hommes. Ils maitrisent leur destin, ils deviennent riches, beaux et célèbres, non plus en maitrisant Word, Excel et Powerpoint mais tout simplement en sachant … coder. Il y a eux et … il y a les autres.
C’est la revanche de l’introverti, boutonneux, à cheveux gras, risée de tous. Et c’est maintenant au cinéma, grâce à Facebook toujours. Les grands blonds sportifs sont ridiculisés. C’est la revanche de la capuche, des claquettes, de l’étrange, du décalé … laissez moi vivre ma vie, moi aussi je suis un génie. Je n’ai besoin de personne, juste d’un compilateur et encore. Je n’ai pas besoin d’apprendre, de lire, d’échanger, de me construire : JE SAIS. Je sais car la machine fait ce que je veux. Tout d’abord je compile sans erreur de syntaxe. Mon code est pourri, il tourne comme un éléphant dans un tunnel trop étroit, qu’importe. J’optimiserais, comme le rasage gratuit : demain.
Bref, vous avez compris, cette génération de “codeur” me donne des boutons. Pour moi, il n’y a aucune noblesse dans le codage. Et bientôt on va s’en rendre compte lorsque des machines vont reprendre ce travail ingrat. Pour moi “born to code” est une connerie. Désolé les amis. (Kwame and co). Je pense comprendre l’intention, mais les mots ont un sens.
Pour moi, seul le DEVELOPPEMENT est un art et mérite toute la plus grande attention. Je le dis souvent, certains ont des Ninjas, nous, chez nous (Witbe), nous voulons (et avons) des Mozarts. Oui, Développer est un art. Je me souviens, lorsque j’étais plus jeune et que j’ai du batailler avec mon centre des impôts qui ne comprenait pas que l’on puisse être maintenant assimilé à un AUTEUR, en étant dévelopeur de logiciels … que de chemin parcouru. Et que le mot “codeur” est pour moi un retour en arrière, dangereux. Dangereux car mal compris de quelques uns et qui abouti à l’idée sotte et grenue de vouloir apprendre … le code à l’école.
Allez, j’en termine là et vous ajoute l’article de Benjamin dont je faisais allusion, il est bien plus modéré que moi dans l’expression. La barbe plus longue, sans doute.
Et vive les Développeurs, les usages compris et maitrisés et enfin un monde où l’on n’est pas l’esclave – codeur d’un Apple ou le consommateur d’un Google / Facebook Matrix, mais libre parce que l’on sait s’exprimer, communiquer, créer en utilisant un morceau de son cerveau, en le met à la bonne place. L’école ne devrait pas plutôt se proposer d’aider à préparer nos enfants à vivre dans une société où l’on ne fait pas un choix entre le Savoir, le Savoir – Faire et le Savoir Etre ? Alors le code …