Et bien si on m’avait dit ça. S’il y a 20 ans, on m’avait dit que j’entrerais à l’Elysée par la grande porte … grâce ou plutôt à cause de mon engagement« dans l’Internet ».
Maintenant, sachons raison garder et je suis bien placé pour mesurer la nature très éphémère de notre éternité. Un jour (1998), encensé comme un Dieu vivant, lorsque nous signions le rapprochement d’Oléane avec France-Télécom. Le lendemain (2000) traité pire qu’un chien … Il n’y a que les footballeurs à connaître de tels hauts et bas et peut-être les politiques au pouvoir.
Je mesure donc mieux la valeur d’un téléphone qui sonne pour me demander quelque chose, alors que la semaine d’avant, il était si difficile de contacter ces mêmes gens. Tout cela par la magie d’une rencontre. Comme si « vos nouveaux amis », en venaient à vous (re)découvrir … comme si vous étiez devenu maintenant fréquentable, voir important. Et bien ce sentiment, je suis certain qu’autour de la table, du Président de la République, jusqu’à mes confrères entrepreneurs (et mêmes nos amis les blogeurs) le partageaient. Nous ne sommes pas dupes, rassurez vous.
Bref, je vais vous la faire courte et brève car je sais votre attention chère et limitée, trop formatée à l’usage de Google et des 140 caractères de Twitter .
De beaucoup de choses tournant autour du Numérique et de l’Internet en particulier. Il y avait une évidente soif de mieux se connaitre les uns, les autres et une atmosphère lourde d’incompréhension.
Nous avons parlé LOPPSI, nous avons parlé HADOPI, nous avons parlé CIR, nous avons parlé JEI, nous avons parlé PME/PMI, nous avons parlé Innovation, nous avons parlé de la nécessité de conserver pour nos enfants une plateforme concurrentielle d’Innovation en France et la liberté d’Entreprendre.
En ce qui concerne HADOPI, @MaitreEolas a compris une nouvelle loi, quand on a plaisanté en parlant d’Hadopi 3. Moi, je n’ai pas compris cela. J’ai juste entendu (ou voulu entendre) que le Président comprenait que la réponse perçue actuelle Hadopi n’était ni suffisante, ni parfaite et qu’il fallait travailler et pas QUE dans le sens de la répression. Qu’une loi n’était pas forcement nécessaire, si le bon sens l’emportait. (çà c’est de moi)
La première TRES BONNE NOUVELLE : « nous ne touchons plus au CIR, qui est une mesure essentielle ». Sur l’aspect des JEI, il y a encore un travail à faire car le Président nous a présenté les choses d’une telle façon que l’on ne peut pas dire immédiatement qu’il a tort. J’y reviendrais, mais très honnêtement, ce n’est ni l’essentiel des enjeux, ni même le structurant. Je reviendrais là dessus et calmez vous, je n’ai pas dit qu’il n’y avait pas de sujet. J’ai été JEI aussi … mais plus depuis 2 ans.
Ce qui est peut être le plus important car j’estime la source de nos désaccords liée à ce qui nous réunit. Et je vais passer à la première personne du singulier, pour ne pas endosser une responsabilité trop grande envers mes collègues. Je dirais que nous (lui et moi 😉 ) sommes d’accord sur l’essentiel :
Nous ne pouvons pas nous comprendre si nous ne nous parlons pas.Nous ne pouvons pas nous entendre si nous ne nous écoutons pas.
Les exemples sont tellement nombreux d’une forme inadaptée au fond que je n’ai pas eu besoin de mobiliser plus la parole que ce que je n’ai fait (NDLR: je m’excuse auprès de mes autres condisciples … Xavier, la prochaine fois, tu ne me passeras pas la parole.)
Nous sommes aussi d’accord et cela a semblé, curieusement rassurer le Président, que nous ne sommes pas de dangereux extrémistes, qui n’acceptent ni foi, ni loi et que même, nous savons dire tout seul que l’Internet n’est pas un territoire de non-droit. C’est clair, mon voisin de gauche, le célèbre @MaitreEolas était un atout de poids sur le sujet. Nous sommes même d’accord sur le fait qu’il y a un vrai sujet autour de la FISCALITE du numérique. Mais un sujet où il faut ECHANGER, ouvertement, librement, intelligemment … et j’ai cru percevoir que le Président avait compris que la réponse ne voulait pas dire taxation, Taxation et TAXATION.
On voit le talent d’un homme politique à sa capacité de synthèse à la fin des échanges et surtout ensuite à sa capacité à mettre en mouvement le sujet.
Et bien sur ce point, je n’ai pas été déçu. C’est le Président lui-même qui a parlé de « mise en mouvement ». Il nous a rappelé que l’on ne peut pas avancer sans nous (ie: pas les 8 … TOUS les acteurs du numérique, grands et petits). Mais que pour cela, il faut que nous « sortions du bois » et acceptions d’échanger et de mouiller notre chemise. Je n’ai pas eu assez de temps pour lui expliquer qu’il y avait une vraie source d’incompréhension, car c’est plutôt nous qui pensons ne pas être écoutés, jamais consultés et dont nos avis, quand ils parviennent à être lus sont assez systématiquement ignorés. Ou en tous les cas suffisamment pour être conformes au dicton : « les mêmes causes reproduisent les mêmes effets »
Le Président a donc émis quelques idées intéressantes, comprenant que notre « secteur » n’avait pas « d’interlocuteur consistant en face ». Pas d’interlocuteur ou trop d’interlocuteurs … Et en cela, je ne peux qu’approuver, n’arrêtant pas d’en avoir des exemples quasi quotidiens : hier soir à l’assemblée nationale par exemple, où 27 députés seulement ont voté une loi importante (LOPPSI), un article fondamental (l’article 4) et où comme au temps de l’Hadopi, des amendements intelligents ont été rejetés sans discernement (place du juge dans le dispositif, par exemple).
Il a poussé l’idée d’un :
Là, nous sommes restés quelques instants muets. Difficile de dire, mauvaise idée. Mais je sentais le malaise : encore un comité théodule de plus. Et surtout de penser : « nous sommes des entrepreneurs, pas des professionnels de la rhétorique et du mouvement brownien, nous n’avons pas suffisamment de temps dans nos journées pour justement en apprécier la juste valeur ». Mais dans le même temps, j’ai eu l’impression que tous autour de la table comprenions la valeur de la main tendue.
Alors on fait quoi ? Bien sûr, on peut cracher dessus. Bien sûr, on peut le faire plus élégamment en rappelant que ce sujet avait (peut-être) déjà été sur la table et n’avait pas abouti à grand-chose.
Mais j’avais l’impression que tous, nous nous disions … et pourquoi pas. C’est peut être un magnifique point d’entrée pour hacker le système de l’intérieur et tenter de participer à changer ce qui ne nous convient pas. Sachant que le Président ne nous a pas dit « vous allez diriger le machin et vous en serez l’essentiel ». On ne sait même pas si on sera dedans et … on s’en moque, ce n’est pas là l’essentiel !
Non, il nous a juste dit :
Comme le dirait l’autre : ça peut chémar …
Je ne pense pas utile d’expliquer, science toute Française, pourquoi cela ne marcherait pas … concentrons-nous sur l’essentiel.
Bien sûr, qu’il est normal que vous et nous soyons sceptiques. J’ai même été regarder mieux le fameux « Conseil Consultatif de l’Internet». Je ne me souvenais même plus que cela avait ou que cela existait. On prend les mêmes et on recommence ? Ceux-là étaient mauvais, on les change ?
Non bien sûr (à toutes ces questions) ou plutôt JE L’ESPERE BIEN que l’on peut et que l’on doit répondre NON.
Mais les faits sont têtus. Un tel aréopage ne peut rien donner, sur un tel sujet, car il y a trop d’intelligence, trop de « protocole », de positions établies à préserver, pas assez de recul, pas assez de TRIPES !
Et cela tombe bien, la majorité des énergumènes (et nous n’en avons pas le monopole, il y en a beaucoup en France) réunis aujourd’hui autour du Président ont pour commun dénominateur :
Si on fait un comité pour un comité, cela ne marchera pas et mieux, cela ne m’intéresse pas. Rien de grand ne peut se faire sans ambition. L’ambition n’est pas d’avoir la capacité de diriger des milliers de personnes, de dépenser des milliards (ça on sait faire et on a déjà fait) … l’ambition est de pouvoir être à un endroit où l’on peut « intuiter« , « distiller« , « influencer » (le terme est lancé) les choses … nos pas pour notre propre intérêt comme le font les lobbyistes, mais dans l’idée d’un intérêt général ambitieux,bien pensé.
Et bien curieusement, je pense que ceux qui étaient réunis autour de cette table, sont tous dans cet état d’esprit. Nous avons des valeurs communes à défendre dont l’Internet OUVERT, SYMETRIQUE, A TRES HAUT DEBIT et dont la capacité d’INNOVATION n’est pas réservée à quelques-uns, mais à tous !
Nous avons pour caractéristiques, tous, de n’être partis de rien … et aujourd’hui, nous représentons des milliers d’emplois, des milliards (merci Xavier surtout.) d’Euros (des vrais) de chiffre d’affaires. Nous avons tous envie d’être UTILES, « de rendre au système », mais de ne pas perdre notre âme, NI NOTRE TEMPS et encore moins notre réputation.
Nous sentons tous que nous sommes à un tournant, à une charnière. Soit nous aurons réussi à faire avancer les choses ENSEMBLE. Soit nous repartirons tous dans nos chaumières et nous occuperons de nos affaires, qui sont déjà bien assez compliquées comme cela.
Et bien c’est simple … quand je dis « nous », un peu plus haut, je vous englobe. Franchement, est-ce que l’on a besoin de gens qui viennent casser les c* parce qu’il n’y a pas de femmes ? qui nous débinent parce-que nous avons été « choisis » ? Est-ce vraiment là le sujet ?
N’est-ce pas un peu puéril ?
Bien sûr que vous avez, en partie, raison. Le monde a toujours tourné comme cela. Moi aussi j’ai été « abusé » à l’insu de mon plein gré. Le sentiment d’y croire pour rien, de travailler pour rien. Mais franchement … regardez les profils des gens autour de la table. Ce n’était pas un diner de blogeur de plus, qui font plaisir parce que l’on se croit important et reconnu mais ne font rien avancer. (j’en ai fait deux, je sais un peu de quoi je parle …. alors que je ne suis pas blogeur, je maintiens, je persiste et signe. Je suis un ENTREPRENEUR ! et disant cela, je respecte infiniment les blogeurs, ceux qui tentent à leur tour de faire avancer les choses et que je range, également, dans la case des ENTREPRENEURS !)
Il est vital que nous trouvions le moyen de travailler ensemble, alors que nos amis « du camp d’en face »ont l’air d’accepter de s’ouvrir. Cela ne se fera pas tout seul et le Président semble être disposé à donner le coup de pied où cela va bien pour que cela se fasse.
On regarde le train passer et on se dit, « cela ne marchera jamais » ?
Ne risquons nous pas de passer à coté de quelque chose ? Comme je le dis souvent (à propos de TOUTES les lois en « i ») … encore une occasion de ratée. Cela fait tellement longtemps que nous frappons à la porte, là elle s’ouvre, on fait quoi ? On ne vient pas ? On la referme plus ou moins poliment ?
Chacun à sa philosophie, sa ligne directrice et sans vouloir donner de leçon à quiconque je vais juste vous expliquer la mienne :
Pour mémoire, HACKER n’est pas un gros mot et ne veut pas dire pirater, casser, détruire.
Mais … et si c’était cela que le Président nous propose ? Et s’il avait compris qu’il ne pouvait pas faire sans nous (ie: avec vous) et qu’il fallait qu’il change la façon de faire et surtout de faire faire, sur un sujet qui commence quand même à l’interpeller un peu …
Et oui, vous le voyez, je suis un indécrottable optimiste sur les chances de la maison France. La preuve je suis encore là.
A la différence d’un camarade autour de la table qui venait sans espoir mais avec des convictions, moi sur ce domaine, je n’ai que des espoirs et aucune conviction. Sauf une :
TOUT EST POSSIBLE … le pire comme le meilleur. (pharmakos !)
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