Et oui les amis, comme prévu, la loi sur le “renseignement”, qui rappelons nous, était là pour légaliser des pratiques, est maintenant votée, avec les “débats” que l’on connait et le résultat que l’on pouvait attendre en toute évidence. J’avais décidé de ne pas m’impliquer dans ce nouveau combat mais les tripes sont parfois plus fortes que la raison et même si je m’attendais au résultat dans son fond et dans sa forme, il est des choses qui ne passent pas.
Tout d’abord, je souhaite rendre hommage à Cabu, car nous allons en parler. Et qui d’autre que lui pourrait mieux illustrer le problème ? Pourquoi ? Regardez mieux la baseline : “il lui faudrait une bonne guerre”. C’est curieusement la phrase qui m’est venue ce matin. C’est facile une “bonne guerre”. Cela resserre les liens. Tous unis vers un ennemi “extérieur”. Cela permet de ne pas se remettre en cause. Jusqu’au bout dans la Garcimorade ((c) JMP. Garcimore, célèbre prestidigitateur. Vous savez, ceux qui occupent l’attention avec la main droite pendant que la gauche agit à notre grande surprise).
Je ne vais pas redire tout ce qui a été dit, tout est déjà dit. Pas grand chose de nouveau, si ce n’est que les instigateurs de cette loi ne pouvaient pas ignorer :
Je pourrais continuer longuement, par exemple en me demandant ce que faisaient 577-30 députés. Pourquoi ne sont ils pas venus ? Pourquoi étaient ils là comme un seul homme lors des votes Hadopi-esques ? n’ont ils aucune conscience ? obéissent ils le doigt sur la couture du pantalon à une ou deux personnes de leur “parti” ? se moquent-ils de ce qui se prépare ? ne le comprennent-ils pas ? n’ont-ils même pas le courage de leur opinion ? ont-ils peur que leur nom apparaissent dans la liste de ceux qui ont dit oui ?
Quelle belle preuve de courage nous donnent ils !
Et c’est comme cela qu’ils pensent recréer la confiance du peuple dans leurs “gouvernants” ? Un seul mot me vient à l’esprit, mais il est grossier. Tous ces gens là ont ils oublié pourquoi ils s’étaient engagés dans ce dur métier, pourquoi ils étaient là ? Ont-ils sacrifié leurs volonté d’aider et de participer à un monde meilleur au profit de leur confort et de leurs mandats futurs ? Je pensais que depuis Hadopi ils avaient compris. La désillusion est dure : 30 députés présents … 547 absents. Vous appelez cela comment ?
Cinq (5) députés sont restés debout et qu’il faut remercier, tant aujourd’hui que demain, (s’ils ne changent pas) :
On remarque que pas un PS n’a voté contre et on pourrait se dire quelle honte. Rappelez vous les votes Hadopi alors que c’était la droite qui était au pouvoir. Il n’y avait pas beaucoup d’UMP à retrouver la raison non plus et certains étaient déjà là. Et si c’était là le vrai problème ? des gens qui ne pensent plus, qui n’osent plus. Qui privilégient leurs intérêts particuliers au bien public et à l’intérêt général.
En fait, oui, ils ont peut être raison. Leur faudrait il une bonne guerre pour retrouver le sens de l’honneur, de l’engagement, de la raison, du collectif ? Pour abandonner l’égoïsme, la compétition individuelle au profit d’un monde collaboratif qui est la seule solution viable. Pour enfin comprendre que la sécurité n’est pas supérieure la liberté et que la liberté (d’expression) n’est pas supérieure à la fraternité. J’ai un peu l’impression que cela manque d’envergure tout ça … d’ambition, de sens avant que de nous expliquer qu’il n’y a pas les moyens. L’ambition, le sens et l’honneur, je n’ai pas l’impression qu’il nous faille une bonne guerre ou de se le faire expliquer par d’autres pour les retrouver.
Outre l(es) association(s) habituelle(s) (LQDN) et les habituels “suspects” (Reflets, Numerama, Nextinpact, Benjamin Bayart …) qui ont compris le problème et ont fait un travail remarquable, je voudrais parler de l’initiative “ni pigeon, ni espion” que nous venons exceptionnellement de rejoindre à titre professionnel. Je n’ai pas l’habitude de mélanger mes convictions personnelles avec mes engagements professionnels, mais nous avons considéré chez Witbe que cela était suffisamment d’importance et les initiateurs suffisamment sérieux pour s’associer à la démarche.
Maintenant on se demande vraiment où sont passés tous les autres. Je parle des professionnels de la profession, qui font fond de commerce de l’Internet et du numérique. Mais je veux aussi parler des associations syndicales, patronales, PME-esques. Des associations d’investisseurs. Des écoles. Des universités …. De tous ceux qui ont besoin d’être dans un pays où la confiance est la base car sans confiance, il n’y aura pas de transaction et sans transaction, il n’y aura pas de valeur. C’est aussi simple que cela.
Mais ne boudons pas notre plaisir. Autant avec les lois en “i”, nous n’étions pas si nombreux, autant là, je sens un véritable mouvement. Il faut encore un peu évangéliser pour éviter que certains se pensent plus malins grâce au chiffrement et par ce fait, parviennent à le rendre inefficace, comme une député le demandait récemment. (si vous aviez son nom, cela m’intéresse).
Aujourd’hui, de plus en plus de monde sont au courant. On ne peut plus “éteindre” l’Internet. L’Internet est USER CENTRIC et tout problème User Centric doit être géré par des moyens User Centric. Plus que jamais Einstein avait raison et j’en ai même fais mon avatar twitter … en honneur à ceux qui pensent avoir réussi leur coup.
Mise à jour (16/4/2015) : cela se dégonfle peut être, comme le pense @Autheil, mais le précédent créé permettra de faire beaucoup (trop) de choses … et maintenant légalement. Et même si je pense que les boites noires étaient l’arbre qui masque la forêt, ca n’est pas une raison pour ne rien dire et laisser faire. Comme je l’ai indiqué, ce n’est pas parce que c’est inutile qu’il ne faut rien faire. Cela montre comment la société s’organise face à de vraies questions, c’est très enseignant pour la suite et nous permet de ne pas confondre comme eux causes et conséquences, buts et moyens et bien public et ma gueule.
Mise à jour (17/4/2015) : Le vent de la colère gronde. Là, ils sont allés trop loin et la société civile commence à s’en rendre compte. Il faut bien comprendre qu’outre le risque posé sur les infrastructures Internet dont personne ne parle, on touche ici à une modification politique, philosophique de la société vers quelque chose de non contrôlable et de non controlé :
Faut-il que ce soit suffisamment grave pour faire intervenir des gens que je n’attendais pas forcement et dont j’aime l’analyse et la réaction :