Les cordées de la réussite …

Hier soir, par le miracle d’un alignement de planète providentiel, j’intervenais dans une école de mon périmètre de prédilection, pour l’association 100.000 Entrepreneurs.

C’est un miracle car l’association n’avait trouvé personne et j’étais justement en France et en déplacement dans cette région pour deux jours, pile pour leur grande soirée des cordées de la réussite.
Habitant à l’étranger, je ne suis pas souvent présent en France pour honorer les possibilités de rencontre avec les écoles. Cela me désole car ce sont souvent des moments forts, qui participent aussi à mieux se rendre compte de “l’état de la société” et des difficultés des uns (les élèves) et des autres (les enseignants, directeurs d’établissement …).
Jusque là, je suis toujours sorti de ces moments avec un sentiment mitigé. Le plaisir, peut être un peu narcissique, de penser que l’on a pu être utile, pour quelques uns. Il y en a toujours “quelques uns”, même dans les établissements que l’on fréquente en priorité dits “défavorisés”. Mais de l’autre, non pas un désespoir, mais une envie de faire de l’Eric Cantona et de leur dire :

Je ne m’en suis pas privé d’ailleurs. Hier, je leur ai passé cet extrait. Non pas pour les culpabiliser mais pour leur montrer qu’en France, on est obligé de chasser le spleen, la sinistrose, la morosité de façon parfois assez … virulente. Très différent aux Etats-Unis, où Bernard Arnault le dit lui même, il a pu voir le vent d’optimisme qui règne dans ce pays :

Curieusement c’était pour moi le point le plus important, le plus fondamental de son intervention et qui a été copieusement ignoré.

Pour tout vous dire tout ce que j’ai vu hier soir m’a enchanté :

Cette notion de “cordée de la réussite” que je découvre et qui me semble une excellente idée.
“Le but des Cordées de la réussite est de lutter contre l’autocensure des élèves par un accompagnement continu dès la classe de 4^e, jusqu’au baccalauréat et au-delà”. Pour moi, c’est rompre l’isolement du jeune. Qu’il se penche sur autre chose que lui même. Mais cela fonctionne dans les deux sens. Les “grands” (BTS pour ce que j’ai vu) qui vont mentorer des plus jeunes (élèves de 4ème, 3ème) peuvent avoir le sentiment de donner, mais ils vont se rendre compte que cela fonctionne dans les sens. Ils vont recevoir. En ressortir “enrichi”. Une occasion de devenir meilleur. Oh cela ne sera peut être pas symétrique, mais ils vont se sentir mieux responsable, mieux solidaires … ce qui nous manque le plus dans ce pays !

Et je dis BRAVO A EUX !

Pour moi cette opération, c’est tout sauf cette illustration et j’espère que le contenu de ce livre est un peu meilleur que ce que je vois de l’illustration qui est très caricatural.
Je vois une femme qui tire tout le monde, un “jeune cadre dynamique”, bien fier de son travail (de la femme ?) et les autres suiveurs et le, la dernière qui semble être accroché là par hasard. Tous en direction d’un sommet avec un drapeau rouge (la Chine ?). Et après ?

Non, une cordée en montagne ce n’est pas cela. J’ai illustré mon billet avec deux autres illustrations bien meilleures pour moi. Une cordée, c’est le premier qui ouvre la voie, sans doute. Celui qui sait ? celui qui est déjà passé par là et ouvre le chemin ? Celui qui prend le plus de risque ? Pas tout à fait. Tous ceux de la cordée savent qu’ils ont la vie des autres dans leurs mains. Si ils échouent, si ils tombent, ils peuvent faire tomber toute la cordée. C’est tout sauf un jeu. Cela me fait penser aussi à l’adage : “seul on va plus vite mais ensemble on va plus loin”.

Mais j’ai aussi été enchanté de nos échanges. Il y a plusieurs années, même un peu au sein de l’association, j’avais l’impression qu’il fallait aller porter la bonne parole d’Entreprendre / Entreprise dans les écoles. Pour moi c’était bien plus que cela. J’ai toujours expliqué qu’être Entrepreneur ce n’était pas réservé aux créateurs ou à certains responsables d’Entreprises qui sont plus des gestionnaires posés là grâce à leur réseau de connaissance. Non Entrepreneur, c’est un état d’esprit, une volonté, une envie qui était aussi bien présent chez un collaborateur, un salarié, un artisan, un restaurateur, un avocat, un enseignant, une infirmière, leurs parents ou eux même peut être. Et bien les BTS m’ont scotché. Aucune fausse note. Ils m’ont dit ce que j’attendais. Des gens responsables. Réfléchis. Chapeau. Et les “petits” attentifs. Timides bien sûr, mais aucun à faire leur “cacou” ou s’ennuyer de façon un peu trop visible.

Ensuite, l’école même
Franchement, c’était la première fois où je mettais les pieds dans une école sans avoir de sueur froide. Bon, je le dis de façon un peu provocante, mais l’école et moi, ca n’a jamais été le grand amour et je suis le premier à le regretter. Mais c’est comme ça. Le lieu est superbe, enfin pour ce que j’en ai vu. Très étonnant. Les gens sont et je le dis sans flagornerie, plus que sympathique, enthousiastes, ouverts … bref, plein de “bonnes ondes”.
En entrant dans le “domaine“, j’aperçois un panneau, un signe qui ne peut pas tromper :

“vers l’infini et au delà”.

Quelle meilleure image que pour illustrer l’Entreprenariat ?
Nul ne sait où cela nous conduit et comment cela peut nous transformer profondément quand on y met toutes ses forces, toute son intelligence et tout son coeur. Bref, je ne dirais pas une BELLE surprise, car les “belle journée” proférées à tort et à travers (que je n’entends qu’en France) m’agacent presque autant que ceux qui vous souhaitent “et bon courage”, comme si on allait à l’échafaud au retour de travailler. Donc, une TRES BONNE SURPRISE.

Et plus encore, j’ai découvert l’univers des Bac Pro en Agriculture et des BTS.
Incroyable. J’ai fait un Bac D et vraiment, si j’avais su, si j’avais pu, j’aurais fait un Bac Pro et un BTS ensuite. Je ne le dis pas qu’aujourd’hui. Totalement incroyable. Des écoles qui ont des champs. Des jeunes qui sèment, qui font pousser, qui récoltent leurs vignes, qui font du vin, qui vont se frotter aux exploitations pour comprendre les problèmes pragmatiquement.
Des jeunes passionnés. Franchement chapeau. Ca fait plaisir. Bon, c’est peut être lié à ma région de prédilection en France (l’Aude : 11), que l’on appelle “la petite France”, tant elle recèle de trésors et de tous les paysages de la France: la montagne, la plaine, la mer, le littoral, la garrigue, les marais … tout est là bas, mais chut … il ne faut pas que cela se sache de trop quand même 😉

Bref, à refaire avec plaisir et si vous aussi avez envie de participer à l’association, ne vous empêchez pas, on en sort toujours un peu différent d’avant et j’ai la faiblesse de penser, peut être un peu meilleur. Cette histoire de cordée … puisse cela perdurer et puissions nous comprendre qu’en France, cela fait 40 ans que je le dis : on se meurt de ne pas savoir s’organiser collectivement. Je le vois clairement au niveau international. Certains ont su tirer avantage de la diaspora … le Français, je cherche encore. Peut être le Breton ? Enfin j’aime à le croire et l’espérer, comme si tout était possible.

Alors, merci aux enfants, merci aux enseignants, merci à l’association 100.000 Entrepreneurs, merci à l’éducation nationale pour cette opération et merci la Vie pour ces heureux hasards qu’elle met sur mon chemin.

PS: lors de cet soirée, j’ai fait plein de “références de vieux”. Les voici :

• Le fameux Fatalitas, Chéri Bibi de Gaston Leroux
• Je hais la foule et André Gide
• L’Agence tous risques et mon avatar numérique : John Anibal Smith, le chef, celui qui a un plan parfait au début et évidement tout ne se passe pas comme prévu mais grâce à la qualité de son équipe, à la fin, il peut allumer un cigare et dire :