Ce matin, sur twitter encore, suite à l’échange Dechavanne / Taubira, la fameuse phrase fourre-tout est réapparue; “la vieillesse est un naufrage”. Et trop c’est trop. Fatigué d’une N-ième rengaine sur les “vieux“, comme je suis fatigué de ceux qui trouvent intelligent de penser que le stupide, le ridicule ne peut être fomenté que par des “Jean-Michel” ou des “Régis”. Tous ces beaux parleurs, ces pédants qui sont les premiers à s’indigner du racisme des autres, bien sur, mais ne font que le continuer. Ils perpétuent ces petits arrangements lâches avec le quotidien, ce “bon mot” censé faire rire. Faire “son malin” au détriment de l’autre, n’est-il pas pire que le racisme assumé de certains, qui nous arrache encore les oreilles (pour combien de temps ?) et peut être, lui, fermement combattu ?
Sont-ils devenus si cyniques qu’ils ne voient même plus la réalité ?
Que les “vieux” qu’ils moquent, qu’ils trouvent trop payés (à ne rien faire, bien sûr), qu’ils jugent trop riches, qu’ils chargent de tous les maux: profiteurs par leur génération, saboteurs pour la situation polluée léguée, geôliers parce qu’à cause d’eux, on a enfermé les “jeune” pendant deux ans, meurtriers même car voyez vous, beaucoup sont décédés des conséquences indirectes du Covid. Et enfin la touche finale: ces vieux sont indécents car ils vivraient mieux que leurs enfants ou leurs petits enfants … et c’est bien sûr de leur faute. Et même pire encore, quand d’un coté on trouve qu’ils ont trop duré mais de l’autre, on leur refuse le choix de leur propre fin.
Alors à tous ces gens là, j’ai envie de dire ceci
Alors, merci à Jacques Brel de nous avoir légué cette merveilleuse chanson. Je crois que tout est dit. Et je le laisse conclure bien plus brillamment que moi, ne ratez pas la fin (sans jeu de mot):
bienvenu au club, bientôt … on est toujours le vieux d’un autre
Les vieux ne meurent pas
Ils s’endorment un jour et dorment trop longtemps
Ils se tiennent la main
Ils ont peur de se perdre et se perdent pourtant
Et l’autre reste là
Le meilleur ou le pire, le doux ou le sévère
Cela n’importe pas
Celui des deux qui reste se retrouve en enfer
Vous le verrez peut-être
Vous la verrez parfois en pluie et en chagrin
Traverser le présent
En s’excusant déjà de n’être pas plus loin
Et fuir devant vous une dernière fois la pendule d’argent
Qui ronronne au salon
Qui dit oui qui dit non, qui leur dit “je t’attends”
Qui ronronne au salon
Qui dit oui qui dit non et puis qui nous attend